mardi 19 juin 2007

Pierre Lescure « La télé fait enfin de la télé »

Le 4 octobre 2006, grosse rencontre : Pierre Lescure qui m'a accordé une très longue interview. Celle-ci est parue le 1er janvier 2007 en une version courte de 4 questions dans le numéro 27 de Télé guide. Voici une version un peu plus longue.
L’ancien patron de Canal+ anime « ça balance à Paris » sur Paris Première. Hors caméra, il travaille aussi sur de nombreux projets pour la télé.
Quelles évolutions apportez-vous à l’émission ça balance à Paris ?

On compte peu d’exemples de talk shows dont le concept est plus fort au fil des ans que leurs animateurs ou leurs chroniqueurs. C’est vrai pour un journal ou un jeu. On peut changer d’animateur. En revanche, d’habitude on regarde le talk show d’untel ou d’unetelle. « Tout le monde en parle », c’était évidemment Ardisson. Laurent Ruquier, qui a fait ça très bien l’année dernière, avait une certaine réserve. Il donnait peu son avis, mais à chaque fois qu’il le donnait c’était toujours intéressant. Moi, je mets plus mon grain de sel. Je participe à la discussion comme les autres, tout en étant l’arbitre qui veille sur le fair play.
Quelle est la singularité de votre émission ?
Nous sommes exigeants avec les personnalités. Elles doivent être capables de débattre avec ceux qui ont des critiques et donc d’avoir une vraie discussion contradictoire.
Comment êtes-vous arrivé comme chroniqueur dans « ça balance à Paris ? »
Je fais ce qui me plait. Jacques Expert, le patron de Paris Première, m’a appelé pour me proposer d’être chroniqueur. Je me suis dit : « Je passe un temps important de ma vie à écouter de la musique, à voir des films depuis toujours, depuis l’âge de 10 ans. Et là, en plus je vais lire beaucoup, aller au théâtre et ce sera mon boulot ». C’est un rêve. Et j’aime beaucoup l’équipe. Et j’étais sûr que Laurent allait faire ça bien.
Avez-vous d’autres activités à la télé hors caméra ?
Oui, je travaille avec Stéphane Courbit et les équipes d’Endémol, et avec Dominique Farrugia, sur de nouveaux programmes sur la TNT. Avec Dominique Besnehard et Gérard Jourdhui, après avoir fait Graffiti 60, 70, 80, nous préparons 90 pour l’été prochain. Enfin, avec Dominique Farrugia, nous terminons la préparation d’une chaîne de flux uniquement faite pour le mobile sans recyclage de programmes télé, qui doit démarrer en 2007.
Quel regard portez-vous sur la télé actuelle ?
Un regard plutôt satisfait. La TNT explose et ça bouge sur les grandes chaînes. Beaucoup de formats se ressemblent et veulent toucher le même public. Il y aura évidemment des morts. Je pense à tous les talkshows, divertissements et débats. Le triomphe des séries me ravit car c’était une anomalie française qu’il y ait si peu de séries et tellement de films sur les chaînes en clair. Les séries et productions de fictions pour la télévision dominent depuis des années aux Etats-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni. Depuis dallas, on n’avait pas revu le retour des séries. La télé fait enfin de la télé.
Fait-on assez de place à la déconne ?
Plus assez. Il y a une fausse déconne. On a dépassé la ligne de flottaison de la dérision. Le tout dérision ne colle pas à l’époque. C’est bien qu’on ait fait la part entre dérision, humour, document et info. Sur le plan de la déconne, on se contente de débats animés et de choses peu travaillées. L’humour doit se travailler plus que ça. Si Les Nuls et Decaunes s’achètent ce n’est pas parce que c’est culte, c’est parce que c’était énormément bossé.

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